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Le docteur Xiao long you (1870-1960) est né dans le district de San Tai (province du Sichuan). Durant toute sa vie il a étudié la médecine chinoise en combinant la théorie avec la pratique. Son expérience clinique était extrêmement riche et ses traitements très efficaces. Il a été l’un des premiers médecins chinois à rentrer dans les hôpitaux en Chine.

L’article qui va suivre est composé de certains extraits d’un texte écrit par sa petite-fille le docteur Xiao Chenyu qui exerce encore aujourd’hui à Pékin.

Mon grand-père fait partie des 4 médecins les plus célèbres de Pékin. Il a consacré sa vie au développement de la médecine chinoise, il était très reconnu par le peuple, à l’époque on disait qu’au nord il y avait Xiao Longyou, et au sud Lu Yuanlei.

Depuis mon plus jeune âge j’ai pu être à ses côtés, sa bienveillance, sa personnalité sincère et directe, son assiduité dans les études m’impressionnaient beaucoup, je savais au fond de moi qu’il était un médecin chinois d’exception.

Mon grand-père n’était pas issu d’une famille de médecin, il n’avait pas non plus reçu les enseignements ni la transmission d’un maître. C’est suite au problème de santé de sa grand-mère qu’il a commencé à s’intéresser aux plantes médicinales, à cette époque il se rendait souvent dans les pharmacies pour y demander des conseils sur l’utilisation des plantes. Dès l’adolescence il a commencé à savoir reconnaitre les plantes.

Il a ensuite commencé à lire des classiques en lisant les textes de Lao Zi et de différentes écoles de pensées traditionnelles chinoises, il en a petit à petit été inspiré, jusqu’à prendre conscience des mystères qui entouraient les dialogues entre l’empereur jaune et QIbo, ce qui a ainsi amplifié son intérêt pour les bases de la médecine chinoise. Il a alors commencé à étudier sérieusement les textes du Neijing et du Nanjing. C’est lorsque sa grand-mère n’arrivait pas à soigner des problèmes de métrorragie qu’il a accentué ces efforts pour étudier des textes de médecins célèbres et ainsi en retirer une certaine expérience.

En 1892 la province du Sichuan a souffert d’une importante épidémie de choléra, la seule ville de Chengdu qui en était la capitale à déplorer plus de 8000 morts. Durant cette période beaucoup de médecins avaient peur de l’épidémie et ne consultaient pas. Indépendamment du danger mon grand-père accompagné de Chen Yunsheng arpentait les rues pour aider et soigner les gens avec des plantes médicinales. C’est ainsi qu’il s’est fait une réputation en soignant de nombreuses personnes.

C’est à ce moment-là qu’a débuté sa carrière dans la médecine chinoise au service de la population.

Sa pratique en médecine chinoise était basée sur la recherche de la vérité à partir des faits. La clairvoyance de mon grand-père dans sa manière de diagnostiquer et de traiter les maladies ont fait de lui quelqu’un de très respecté. Lors de ses consultations, il faisait de son mieux et ne se vantait jamais. Lorsqu’il savait qu’il pouvait soigner il le disait, lorsqu’il ne pouvait pas il le disait aussi.

En 1924 Sun Yat-sen alors président de la République est tombé malade, mon grand-père a été invité à lui rendre visite, après avoir fait son diagnostic il a jugé que la racine de la maladie était au foie. À ce moment là beaucoup de personnes lui ont demandé de prescrire des plantes, mais sachant que la maladie était déjà trop profonde et que les plantes médicinales n’auraient aucun effet il n’a pas fait d’ordonnance. Après sa mort, l’autopsie a révélé qu’il s’agissait d’un cancer du foie. Ceci montre bien le pragmatisme et la justesse avec laquelle mon grand-père effectuait ses diagnostics.

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Le docteur Edmund Dipper, qui travaillait dans l’hôpital allemand de Pékin a eu connaissance de la notoriété de mon grand-père, il l’a alors invité à des consultations communes. Lors de ses consultations, tous les patients souffraient de graves maladies telles que l’encéphalite, la fièvre noire, des tumeurs utérines, du diabète, etc.… Il n’avait pas peur des difficultés, il s’est occupé de chaque patient avec grand soin et à de nombreuses reprises il a pu les soigner avec des plantes médicinales. À cette époque il n’existait pas d’hôpital de médecine chinoise, les médecins chinois n’avaient pas le droit de travailler à l’hôpital et encore moins le droit de prescrire des plantes dans un hôpital étranger. C’est grâce aux grandes connaissances de mon grand-père dans la médecine chinoise qu’il a pu gagner le respect et la confiance du monde de la médecine occidentale et ainsi commencer à faire rentrer des médecins chinois dans les hôpitaux en Chine.

Il était très occupé toute la journée, ces matinées étaient dédiées aux consultations et l’après-midi il faisait des visites à domicile. Il consultait avec beaucoup de sincérité, traitait tous ces patients de manière égale, lorsque ceux-ci avaient des difficultés il consultait gratuitement, il lui arrivait même de leur donner de l’argent.

Lorsqu’il travaillait, il y concentrait toute son attention, sans jamais parler pour ne rien dire. Chaque fois qu’il rencontrait une difficulté, il y réfléchissait énormément afin de trouver la bonne manière de régler le problème jusqu’à parfois en perdre l’appétit, passant de nombreuses soirées à lire des livres médicaux, sans dormir, pour trouver le traitement le plus approprié. On peut dire qu’il s’inquiétait autant que ses patients et qu’il souffrait autant qu’eux.

Mon grand-père attachait une grande importance à la différenciation des syndromes pour en étudier le traitement, il préconisait l’association des quatre temps de l’examen pour le diagnostic, il disait : « Je n’ai rien inventé dans la médecine chinoise, elle soigne grâce aux quatre principes que sont l’observation, l’examen audio olfactif, l’interrogatoire et la palpation. La première permet l’observation des couleurs, l’écoute permet de discerner les bruits anormaux du patient, l’interrogatoire permet de rechercher la cause de la maladie, après avoir acquis ces informations, il faut déterminer si le pouls est superficiel, profond, retardé, rapide afin de le combiner avec les informations de l’observation, de l’examen audio olfactif, et de l’interrogatoire. S’il n’y a plus de doute entre le syndrome et le pouls alors on peut choisir les plantes, cela doit s’imbriquer comme un fil dans la tête d’une aiguille, si ce n’est pas le cas alors il faut renoncer aux informations du pouls pour celle du syndrome ou l’inverse.

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Dans les quatre temps du diagnostic l’interrogatoire était pour lui le plus important, il disait : « En utilisant la méthode des quatre temps du diagnostic, il est possible de soigner une multitude de maladies, peu importe si c’est un homme, une femme, un vieillard ou un enfant. Avec nos yeux, nous allons pouvoir observer, avec le nez et les oreilles sentir et écouter, avec nos doigts palper. Sur la base de la raison et de notre perception du fondement de la maladie, il sera possible de faire notre jugement. Il faut distinguer la couleur de la peau, sentir les odeurs de la bouche du nez ainsi que leurs bruits, palper le pouls de la main gauche et de la main droite afin de ressentir leurs similarités et leurs différences. L’interrogatoire concernant le patient doit demander le plus d’attention afin de faire un bon diagnostic. Toutes les questions peuvent être utiles afin d’en connaitre le plus possible à propos du patient.

Par exemple une personne venant du sud de la Chine qui s’installe dans le nord va dans les premiers temps avoir du mal à s’acclimater au climat et à la nourriture alors il faudra la soigner avec des méthodes de traitement du Sud afin que son estomac puisse fonctionner correctement et qu’ainsi les organes continuent à fonctionner normalement s’en être affecté par ces changements. L’inverse est vrai pour quelqu’un du nord qui vient dans le sud. Cependant, il existe beaucoup de maladies semblables avec des symptômes différents, il faut donc obligatoirement faire un interrogatoire afin de pouvoir déterminer la cause de la maladie. Pour les femmes et les enfants, il faut y être encore plus attentif. Il faut souvent deux à trois prescriptions avant la guérison. Privilégier l’utilisation régulière d’emplâtre, de dan, de wan et de poudre, il est plus difficile de faire des erreurs de traitement avec ce genre de produit.

Pour chacun de ses patients, il utilisait une méthode appropriée, précise et flexible.

Lors de ses consultations, mon grand-père soutenait que la façon de traiter les personnes âgées et les personnes jeunes devait être différente. Les cibles étant différentes, il fallait donc adapter les méthodes. Mais il fallait aussi tenir compte du fait que dans la similarité il y a de la différence et que dans la différence il y a de la similarité. Il disait : « Quand l’herbe san chun 三春草 est sèche il suffit d’un peu de pluie pour lui rendre sa luxuriance, si ce n’est déjà plus que des branches sèches même avec une bonne irrigation elles ne seront qu’humides. »

Pour soigner les personnes âgées, il utilisait souvent cette métaphore : « Si la qualité d’un tissu est solide, si on l’utilise trop longtemps, bien qu’on n’en prenne soin, finalement après avoir affronté depuis si longtemps des jours de vent, de gelé et de neige, inévitablement il deviendra de plus en plus fragile. Si l’on ne regarde que la crasse en superficie et qu’on oublie qu’on l’a déjà porté depuis si longtemps, qu’on le trempe dans de l’eau et qu’on le frotte sur une planche en bois pour le laver alors il tombera en lambeaux rapidement.

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Si on est minutieux, qu’on le lave avec de l’eau claire, bien qu’il ait trempé toute une nuit et que toutes les saletés ne soient pas parties, après l’avoir séché, on va avoir une sensation de neuf. Cela va augmenter sa durée de vie, mais pour cela il ne devra avoir subi aucun dommage par le passé. Si l’on veut pouvoir continuer à profiter de sa solidité ».

Cette métaphore simple et claire, nous révèle l’essentiel du traitement des personnes âgées par conséquent en clinique lorsqu’on soigne une personne âgée, il ne faut pas attaquer, éviter les méthodes de sudorification, de vomification et de purgation, mais plutôt prescrire pour nourrir et clarifier en utilisant un ou deux produits frais afin d’accroître son énergie.

En plus d’être très occupé à soigner ses patients, il se donnait beaucoup de peine afin de développer l’enseignement de la médecine chinoise. Il avait avec Monsieur Kong Bo Hua fondé l’institut de médecine chinoise de Pékin. Tous les deux avaient assuré ensemble la direction de l’institut mais y donnaient également des cours afin de former les futurs talents de la médecine chinoise.

En près de 10 ans une centaine d’étudiants ont pu achever leur cursus. Ce qui a en partie permis de sauver et de développer la cause de la médecine chinoise.

Lorsque l’institut a rencontré des difficultés financières Mr Xiao Long You ainsi que Monsieur Kong Bo Hua ont reversé la totalité de l’argent gagné lors de leur consultation afin de pouvoir continuer à faire fonctionner l’institut.

Suite à la pression des Chinois formés à la médecine occidentale, le parti au pouvoir du Guo Ming Dang avait comme intention d’abolir la médecine chinoise, le Docteur Xiao a alors été soumis à de grandes difficultés, il a fallu fermer les portes de l’institut. À ce moment-là il a écrit une tribune afin de faire part de son indignation et montrer son mécontentement aux autorités. Le 17 mars 1929 suite à un mouvement de protestation qui a eu lieu dans toute la Chine le Guo Min Dang a décidé de faire marche arrière. Cette date est depuis devenue la journée de la médecine chinoise en Chine.

Le Docteur Xiao Long You a toujours plaidé en faveur d’une alliance entre la médecine chinoise et la médecine occidentale.

Pour lui si le peuple chinois avait pu progressivement s’accroitre jusqu’à maintenant c’est grâce aux enseignements éclairés de l’empereur jaune.

Il pensait qu’il était nécessaire de ne pas rester figé et de s’adapter aux nouvelles méthodes en évitant les préjugés et en utilisant les avantages de l’un pour combler les défauts de l’autre.

La médecine ne pouvait pas être fragmenté, qu’elle soit occidentale ou chinoise, elle n’a qu’un objectif qui est celui de sauver des vies, c’est juste que les méthodes ne sont pas les mêmes.

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