La diététique chinoise transforme chaque repas en acte thérapeutique. Issue de la médecine traditionnelle chinoise, cette approche nutritionnelle millénaire ne se contente pas de nourrir le corps : elle le soigne. En diététique chinoise, un principe fondamental guide toute l'alimentation : « la nourriture et les médicaments partagent la même origine » (药食同源). Découvrez comment cette sagesse ancestrale peut révolutionner votre façon de manger.
Cette approche de la nutrition chinoise ne se transmet pas dans les manuels, mais dans les cuisines familiales, de génération en génération.
C'était un matin d'automne à Hefei, dans la province de l'Anhui. Assis dans la petite cuisine de mon ami Huang, j'observe sa grand-mère préparer le petit-déjeuner. Elle ne consultait aucune recette, mais choisissait méticuleusement chaque ingrédient : quelques tranches de gingembre frais, des jujubes rouges, du riz gluant. « 冬吃萝卜夏吃姜,不用医生开药方 », murmura-t-elle en me souriant. « En hiver, mange du radis (Daikon) ; en été, mange du gingembre, et tu n'auras pas besoin de médecin »
Cette scène illustre parfaitement la diététique chinoise en pratique : entre les salles de cours de l'université et les cuisines familiales durant mes sept années d'études en Chine, j'ai découvert ce secret ancestral où la cuisine n'est jamais seulement un acte de gourmandise — c'est un acte de médecine préventive .
La diététique chinoise : quand l'alimentation devient thérapeutique
Dans la tradition chinoise, il existe un concept fondamental que tout praticien de médecine traditionnelle apprend dès ses premiers jours d'étude :药食同源 (yào shí tóng yuán) — « la nourriture et les médicaments partagent la même origine ». Ce n'est pas une simple métaphore poétique, mais le fondement même de la diététique chinoise.
« Que la première des méthodes à utiliser lorsque nous sommes malades soit la diététique. Si cela ne marche pas, alors seulement utiliser les plantes. »
— Sun Simiao , médecin légendaire de la dynastie Tang (581-682)
Cette sagesse millénaire trouve son écho dans les paroles d'Hippocrate : « Que ton alimentation soit ton seul médicament. » Mais alors que l'Occident a largement oublié ce principe, la Chine l'a préservé, codifié et perfectionné au fil des dynasties.
Les premiers « nutritionnistes » de l'histoire

Saviez-vous que la Chine possédait des nutritionnistes officiels dès la dynastie Zhou, il y a plus de 3 000 ans ? Le食医 (shí yī) — littéralement « médecin de l'alimentation » — occupait le rang le plus élevé parmi les quatre catégories de médecins de la cour impériale. Sa mission : composer les repas de l'empereur en fonction de sa constitution, des saisons et de son état de santé.
Ce médecin de l'alimentation maîtrisait l'art subtil d'associer moins aux céréales : le bœuf avec le riz, l'agneau avec le millet, le porc avec le sorgho, le poulet avec le blé. Chaque association n'était pas le fruit du hasard, mais le résultat de siècles d'observation des effets des aliments sur le corps humain.
Les 5 natures des aliments en diététique chinoise : comprendre l'énergie thermique
Lorsque je parle de « nature chaude » ou « nature froide » d'un aliment, je ne parle pas de sa température physique. Je parle de l'effet qu'il produit une fois à l'intérieur de votre organisme.
Je me souviens de mes premières années en Chine. Je buvais de l'eau en bouteille, et comme les pièces n'étaient pas chauffées en hiver, je la buvais froidement. Je souffrais alors régulièrement de maux de gorge. Mes amis chinois, eux, buvaient de l'eau chaude — ils emportaient partout leur petit thermos, qu'ils remplissaient d'eau bouillante. J'ai décidé de les imiter. Et étrangement, petit à petit, mes maux de gorge ont disparu…

L'échelle thermique des aliments
La diététique chinoise classe tous les aliments sur une échelle de cinq niveaux thermiques :
Nature | Effet sur le Corps | Exemples d'Aliments |
Froid | Rafraîchit fortement, élimine la chaleur, calme le feu interne | Pastèque, melon, algues, crabe, tofu |
Frais | Rafraîchit modérément, génère des liquides | Épinards, aubergine, poire, pomme, thé vert |
Neutre | Équilibré, tonifie sans excès, convient à tous | Riz, carotte, chou, porc, œuf, miel |
Tiède | Réchauffe modérément, stimule la circulation | Poulet, crevette, gingembre, oignon, cerise |
Chaud | Réchauffer fortement, dissiper le froid, activer le Yang | Agneau, poivre, cannelle, piment, litchi |
La règle d'or : Si vous avez tendance à avoir froid, privilégiez les aliments tièdes et chauds. Si vous supportez mal la chaleur, orientez-vous vers des aliments frais. C'est le secret d'un équilibre énergétique au quotidien.
Reconnaître votre déséquilibre : êtes-vous chaud ou froid ?
| | Syndrome de froid | Syndrome de chaleur |
| Accoutumance aux températures | Frileux, aime le chaud | Ne supporte pas le chaud aime le frais |
| Soif | Pas soif | Soif, aime boire frais |
| Teinte | Pâle | Rouge |
| Quatre membres | Froid | Chaud |
| Événements | Plutôt molles | Plutôt dures |
| Urine | Longue et claire | Courte et foncée |
Dans la cuisine de la famille Huang, j'ai observé une scène révélatrice. Le soir du nouvel an chinois, la grand-mère servait deux soupes différentes : une soupe d'agneau au gingembre pour le grand-père et les oncles, et une soupe de champignons et radis blanc pour la tante et les cousines. "Pourquoi cette différence ?" demandai-je à Huang.
"Regarde bien, répond-il. Grand-père porte toujours trois canapés de vêtements même au printemps. Ma tante, elle, ouvre les fenêtres en plein hiver. Ils n'ont pas le même feu intérieur."
Exemple pratique – Le cas des nausées :
Si vous présentez plusieurs caractéristiques du syndrome de froid (mains froides, selles molles, teint pâle) et que vous souffrez de nausées, il est fort probable que ces nausées proviennent d'un excès de froid dans l'Estomac, peut-être aggravé par une consommation excessive d'aliments de nature froide (salades crues, smoothies glacés, yaourts sortis du frigo).
Solution diététique : Ajoutez du gingembre frais de nature tiède dans votre alimentation. Préparez une tisane simple : 3 tranches de gingembre frais dans 300 ml d'eau chaude, infusées 10 minutes. Si le goût est trop fort, ajoutez un peu de sucre de canne (nature tiède). Cette préparation réchauffera progressivement votre Estomac et dispersera le froid à l'origine des nausées.
À l'inverse , si vous présentez des caractéristiques de chaleur (soif, visage rouge) avec de la constipation, le gingembre aggraverait votre état. Dans ce cas, privilégiez des aliments frais comme les épinards (nature fraîche) qui diminueront la chaleur dans les intestins et généreront des liquides, améliorant naturellement votre transit.
Comment reconnaître la nature d'un aliment ?
À l'occasion du Nouvel An chinois, tous mes camarades rentreraient dans leurs familles. À l'hôpital d'acupuncture, je me retrouvais alors seul avec le docteur Cai pour les consultations. Il arrive souvent, durant cette période, qu'il m'invite à manger chez lui. Un jour, nous sommes allés chercher des légumes directement au petit marché à côté de l'hôpital. En parcourant les étals, il m'a enseigné une méthode fascinante pour reconnaître la nature des aliments sans avoir besoin de tableaux. Cette sagesse populaire, transmise de génération en génération, s'appuie sur l'observation de l'environnement naturel de croissance :

1. La couleur
Les plantes vertes poussant près du sol absorbent facilement l'humidité de la terre : elles sont de nature froide.
- Exemples : haricots mungo, légumes verts à feuilles
Les aliments de couleurs rouges, exposés longuement au soleil : ils sont de nature chaude.
- Exemples : piment, jujube, grenade
2. Le goût naturel
Les aliments de saveur douce ou piquante exposés au soleil : nature chaude
- Exemple : l'ail
Les aliments amers et acides : généralement froids
- Exemple : la courge amère
3. L'environnement de croissance
Les plantes aquatiques : nature froide
- Exemples : les racines de lotus, les algues nori
Ce qui pousse sous terre longtemps, résistant aux milieux secs : nature chaude
- Exemples : curcuma, gingembre
4. L'exposition solaire
Produits poussant au nord ou à l'ombre, absorbant beaucoup d'humidité : nature froide
- Exemple : champignons
Aliments poussant en hauteur ou exposés sud-est : nature chaude
- Exemples : graines de tournesol, châtaignes
5. La Saisonnalité
Ce qui pousse en hiver : nature froide (l'énergie froide y est très forte)
- Exemples : champignons shiitake, radis blanc
Certains aliments d'été nécessitant beaucoup d'eau : nature froide
- Exemples : pastèque, concombre, poire, pamplemousse
Les 5 saveurs de la diététique chinoise : principes thérapeutiques alimentaires
Si la nature thermique des aliments est le premier pilier de la diététique chinoise, les五味 (w ǔ wèi) — les Cinq Saveurs — en constituant le second. Chaque saveur possède une affinité particulière avec un organe et produit des effets thérapeutiques spécifiques.
Sauvegardeur | Organe | Actes | Aliments |
Acide® | Foie | Astringent, collecte, resserre, retient les liquides | Vinaigre, cédrat, pruneau, grenade |
Amer | Cœur | Draine la chaleur, assèche, fait descendre le Qi, clarifier | Thé, melon amer, endive, café |
Doux甘 | Taux | Tonifier, harmoniser, détendre | Riz, miel, jujube, patate douce |
Piquant | Poumon | Disperse, fait circuler le Qi, ouvre les pores, libère la surface | Gingembre, ail, oignon, menthe |
Vente | Rêne | Ramollit les duretés, fait descendre, purge vers le bas | Algues, fruits de mer, sel |
Application Clinique : Les Interdictions du Huangdi Neijing
Le Suwen précise également les saveurs à éviter selon les pathologies organiques :
« Pour les maladies les maladies du foie il faut éviter la saveur piquante, pour les maladies du cœur il faut éviter la saveur salée, pour les maladies de la rate il faut éviter la saveur acide, pour les maladies du rein il faut éviter la saveur douce pour les maladies des poumons il faut éviter la saveur amère »
— Huangdi Neijing (Classique Interne de l'Empereur Jaune)
Ces principes, loin d'être dogmatiques, rappellent la théorie des cinq mouvements appliqués à la diététique.
La saveur douce en diététique chinoise : base de l'équilibre alimentaire
Parmi les cinq saveurs, la saveur douce constitue la saveur principale que le corps humain doit ingérer. Les quatre autres saveurs ne doivent être utilisées qu'en petites quantités comme condiments. Seule la saveur douce doit être consommée en grande quantité."
Ceci explique pourquoi les céréales, toutes de saveur douce et de nature neutre, constituent la base de l'alimentation chinoise. Elles "tonifient la Rate, harmonisent l'Estomac, et complètent l'Essence et le Qi".
Les 4 condiments thérapeutiques essentiels de la cuisine chinoise

Dans la tradition culinaire chinoise, quatre condiments sont appelés les «调味四君子» — les Quatre Gentilshommes de l'Assaisonnement : l'oignon, le gingembre, l'ail et le poivre . Tous sont de nature piquante et possèdent des vertus thérapeutiques remarquables.
- Le gingembre : Réchauffez l'estomac, dissipe le froid, combat les nausées. En tisane avec du sucre roux, il est souverain contre les refroidissements.
- L'ail : Antiseptique naturel, il « tue les parasites » selon les textes anciens. La recherche moderne confirme ses propriétés antibactériennes.
- L'oignon : Fait circuler le Yang, débloquer le nez, combattre les infections respiratoires. Indispensable dans les bouillons d'hiver.
- Le poivre : Réchauffez profondément, soulagez les douleurs abdominales dues au froid. Le poivre du Sichuan possède en plus des propriétés anesthésiantes locales.
Propriétés thérapeutiques des aliments selon la médecine chinoise
Au-delà de la nature et de la saveur
Un matin au marché, j'accompagne la grand-mère de Huang faire les cours. Devant l'étal des légumes, elle examine longuement les carottes et les épinards avant de choisir.
"Pourquoi prendre-vous les deux ?" demandai-je.
Elle me regarda en souriant. "Florian, je te trouve un peu fatigué en ce moment, tu as le teint pâle. Les carottes vont renforcer ta Rate, te donner plus d'énergie. Les épinards, c'est pour mon mari - il est constipé ces jours-ci, ils vont nourrir son sang et lubrifier ses intestins."
Elle poursuivait en montrant d'autres légumes : "Le radis blanc, là, c'est bon quand on a mangé trop gras. Le céleri, c'est pour mon fils lorsqu'il a la tension qui monte, ça calme le Foie."
Cette conversation au marché révèle le troisième pilier de la diététique chinoise : les fonctions thérapeutiques spécifiques. Au-delà de la nature et de la saveur, chaque aliment possède des propriétés thérapeutiques particulières, fruit d'observations cliniques millénaires. Pour la grand-mère de Huang, faire le marché n'était pas juste acheter de la nourriture - c'était sélectionner les bons remèdes pour chaque membre de sa famille.
L'Art de Combiner les Fonctions
La vraie maîtrise de la diététique chinoise réside dans l'art de combiner judicieusement les aliments selon leurs fonctions complémentaires.
Les quatre piliers de l'alimentation :
Le Huangdi Neijing , bible de la médecine chinoise, énonce un principe fondamental : «五谷为养,五果为助,五菜为充,五畜为益» — Les cinq céréales nourrissent, les cinq fruits assistent, les cinq viandes renforcent, les cinq légumes completent.
五谷为养 — Les céréales nourrissent
Les céréales constituent la base de l'alimentation chinoise depuis des millénaires. Parmi elles, le blé occupe une place d'honneur. Pourquoi ? Parce que sa croissance traverse les quatre saisons : il germe au printemps, fleurit en été, se récolte en automne et se conserve en hiver. Il incarne l'harmonie parfaite avec les cycles naturels.
Les différentes parties du blé possèdent des vertus distinctes :
- Le grain entier : Nourrit le cœur, calme l'esprit
- Le son : Élimine la chaleur, lubrifie les intestins
- Le blé flottant : Arrête les sueurs nocturnes, traite l'insomnie
- Le malt d'orge : Favorise la digestion, stimule l'appétit

Le problème avec les céréales d'aujourd'hui :
Durant des milliers d'années, les semences de ces céréales ont été transmises, car leurs propriétés étaient bénéfiques pour notre santé. Depuis une centaine d'années, l'homme a transformé ses semences afin de les rendre plus résistantes aux maladies mais aussi plus productives. Les céréales qu'utilisaient nos ancêtres n'ont plus grand-chose à voir avec celles d'aujourd'hui il n'y a qu'à observer la hauteur des blés qui sans cesse se rétrécir.
Ceci est sans doute la cause qui fait qu'au lieu d'être bénéfiques à notre digestion certaines céréales nous rendent malades comme les blés d'aujourd'hui. Qui fait de plus en plus de gens intolérants au gluten.
Je suis certain que si à l'origine les premiers hommes avaient disposé des semences de blé que nous cultivons aujourd'hui, le blé n'aurait pas l'importance qu'il a aujourd'hui dans notre alimentation, car de manière naturelle les hommes l'auraient délaissé au profit d'autres céréales au fil du temps.
Le millet est une très bonne alternative pour les personnes qui ne supportent plus le blé. Une consommation excessive de blé va avoir tendance à rendre insuffisante l'énergie de notre taux et ainsi produire divers symptômes digestifs. Le millet jaune va quant à lui petit à petit renforcer l'énergie de votre taux et atténuer les dégâts du blé pour vous redonner de la vitalité.
En médecine traditionnelle chinoise, les cinq céréales occupent une place fondamentale dans l'alimentation thérapeutique.
Le riz est considéré comme le roi des céréales. Les haricots azuki sont particulièrement appréciés pour leur capacité à éliminer l'humidité. Le soja tonifie le Qi, tandis que le blé nourrit le Cœur et calme l'esprit. Enfin, le millet jaune renforce la Rate.
Ces céréales partagent plusieurs caractéristiques communes. Leur nature est généralement neutre, c'est-à-dire ni froide ni chaude. Elles possèdent une saveur douce, cette saveur qui tonifie la Rate. Leur fonction principale est de, autrement dit de renforcer la Rate et tonifier le Qi.
五菜为充 — Les légumes complets
Les légumes «充» — complètent, remplissent les vides. Ils apportent les fibres, les vitamines, et régulent le transit intestinal. Les textes anciens recommandaient cinq légumes traditionnels : la ciboule, l'oignon chinois, la mauve, le poireau et les feuilles de haricot.

Aujourd'hui, nous pouvons élargir cette liste en respectant un principe essentiel : privilégier les légumes de saison et de proximité . Les légumes qui poussent dans votre région sont naturellement adaptés à votre climat et à vos besoins saisonniers.
五果为助 — Les fruits assistant
Les fruits sont des « assistants » — ils complètent l'alimentation mais ne peuvent pas la remplacer. Les cinq fruits traditionnels sont : le jujube, la châtaigne, l'abricot, la pêche et le pruneau.

Attention à la nature des fruits :
- Fruits de nature chaude : Litchi, longane, cerise, châtaigne, noix — à privilégier en hiver ou si vous êtes frileux
- Fruits de nature froide : Pastèque, melon, banane, poire, kiwi — parfaits en été ou si vous avez chaud
- Fruits de nature neutre : Pomme, raisin sec, figue, noix de coco — convient à tous
五畜为益 — Les viandes fortifiantes
Les viandes ont un pouvoir tonifiant supérieur à celui des légumes, mais elles doivent être consommées avec modération.
- Le poulet (鸡) : De nature tiède, convient à tous. Tonifie l'énergie, idéal pour les convalescents.
- L'agneau (羊) : De nature chaude, réchauffe profondément. Parfait pour les personnes frileuses, déconseillées en cas de fièvre.
- Le bœuf (牛) : Tonifie le rythme et l'estomac, renforce les muscles et les os.
- Le porc (猪) : De nature légèrement fraîche, nourrit le Yin et humidifie. Le plus courant dans la cuisine chinoise.
- Le canard (鸭) : De nature fraîche, nourrit le Yin.
Alimentation saisonnière en diététique chinoise : adapter ses repas aux 4 saisons
« 不时,不食 » — Ce qui n'est pas de saison ne doit pas être consommé.
— Confucius
La diététique chinoise est profondément saisonnière. Chaque saison possède son énergie propre, et notre alimentation doit s'y adapter pour maintenir l'harmonie interne.
Printemps 春 — Éveiller le yang
Le printemps est la saison du Foie, de la montée de l'énergie. C'est le moment de favoriser la saveur douce et de réduire l'acide , qui contracte et empêche l'énergie de s'élever.
- À privilégier : Jeunes pousses, légumes verts, gingembre.
- À éviter : Excès de vinaigre, d'agrumes, d'aliments très acides
Été 夏 — Rafraîchir sans glacer
L'été est la saison du Cœur, de la chaleur maximale. Paradoxalement, c'est le moment de protéger le Yang interne en provoquant les excès de froid alimentaire.
- À sertr : Pastèque, concombre, melon, haricots mungo, chrysanthème en infusion
- À modérer : Glaces, boissons glacées, climatisation excessive
Automne 秋 — Humidificateur les poumons
L'automne est la saison du Poumon, menacée par la sécheresse. L'alimentation doit nourrir le Yin et l'humidificateur .
- À épicér : Poire, pomme, amande, sésame, miel
- Recette traditionnelle : La poire pochée au sucre de roche — souveraine contre la toux sèche
- À éviter : Excès d'aliments piquants et secs qui assèchent davantage
Hiver 冬 — Nourrir le Rein
L'hiver est la saison du Rein, réservoir de notre énergie vitale. C'est le moment de reconstituer les réserves avec des aliments riches et réchauffants.
- À privilégier : Agneau, noix, châtaigne, haricots noirs, sésame noir,.
- La sagesse populaire : « En hiver, mange du radis » — le radis blanc aide à digérer les repas riches de la saison
L'art de bien manger : Les règles d'or de la diététique chinoise
Le rythme des trois repas
Un dicton chinois résume la sagesse des repas : « Le matin, mange comme un empereur. À midi, mange comme un bourgeois. Le soir, mange comme un mendiant. »
Cette recommandation s'explique par les cycles énergétiques du corps : le matin, notre énergie Yang est à son maximum, la digestion est optimale. Le soir, l'énergie Yin prédomine, le corps se prépare au repos — un repas lourd perturberait le sommeil et surchargerait le système digestif.
Les erreurs à éviter
- Boire glacée pendant les repas : Le froid « éteint le feu digestif » et ralentit la transformation des aliments.
- Manger cru en excès : Les crudités demandent plus d'énergie à digérer. La cuisson « pré-digère » les aliments.
- Sauter le petit-déjeuner : L'estomac est à son pic d'activité entre 7h et 9h. Ne pas manger à ce moment l'affaiblit.
- Manger sous le coup de l'émotion : La colère, la tristesse ou l'anxiété perturbant la digestion. Attendez d'être calme.
- Consommer une seule saveur en excès : L'équilibre des cinq saveurs est essentiel pour nourrir les cinq organes.
Méthodes de cuisson en diététique chinoise : transformer l'énergie des aliments
En diététique chinoise, la cuisson n'est pas seulement un moyen de rendre les aliments comestibles — c'est un outil thérapeutique . Chaque méthode de cuisson modifie la nature énergétique des aliments.
- Faire sauter rapidement (炒) : Préserver la nature fraîche des légumes tout en les rendant digestibles
- Braiser longuement (炖) : Réchauffer profondément, idéal pour les viandes et soupes tonifiantes
- Cuire à la vapeur (蒸) : Méthode douce qui préserve les qualités nutritives et énergétiques
- Griller (烤) : Réchauffer fortement, à utiliser avec modération
Conclusion : Votre cuisine, votre pharmacie
Après sept années passées à étudier la médecine traditionnelle chinoise à Hefei, une certitude s'est ancrée en moi : chaque repas est une occasion de prendre soin de sa santé . Non pas avec des restrictions frustrantes, mais avec une conscience joyeuse des trésors que recèlent nos aliments.
La grand-mère de mon ami Huang n'avait jamais lu de texte médical. Pourtant, elle incarnait cette sagesse millénaire transmise de génération en génération. Elle savait instinctivement qu'un bouillon de gingembre réchauffe après une journée froide, que la poire apaise la gorge sèche de l'automne, que le haricot mungo rafraîchit les chaleurs de l'été.
Cette sagesse n'appartient pas qu'à la Chine. Elle nous appartient à tous, car elle repose sur l'observation attentive de la nature et de notre corps. Commencez simplement : observez comment vous réagissez au chaud et au froid, notez quels aliments vous conviennent selon les saisons, écoutez les signaux de votre corps.
« Celui qui sait utiliser l'alimentation pour traiter la maladie peut être appelé un maître. »
—Sun Simiao, Qian Jin Yao Fang (千金要方)
Votre cuisine peut devenir votre première pharmacie. Il suffit d'ouvrir les yeux sur les trésors qui s'y trouvent déjà, et d'apprendre à les utiliser avec discernement. C'est le premier pas sur le chemin de la diététique chinoise — un chemin qui, comme tout voyage initiatique, commence par un simple repas conscient.
Pour aller plus loin
Livres recommandés
- « Médecine chinoise et cuisine française » de Michel-Philippe Rastoul — Une approche joyeuse et pratique de la diététique chinoise adaptée à nos habitudes culinaires.
- « Ces aliments qui nous soignent » de Philippe Sionneau et Josette Chapellet — Un ouvrage de référence sur les propriétés thérapeutiques des aliments selon la médecine chinoise.
FAQ : Tout Savoir sur la Diététique Chinoise
1. Comment fonctionne la diététique chinoise ?
La diététique chinoise repose sur le principe fondamental que l'alimentation et la médecine partagent la même origine . Contrairement à l'approche occidentale qui se concentre sur les calories et les macronutriments, elle évalue les aliments selon trois critères thérapeutiques :
- Leur nature thermique (froide, fraîche, neutre, tiède, chaude) qui influence l'équilibre Yin-Yang du corps
- Leur saveur (acide, amère, douce, piquante, salée) qui cible des organes spécifiques
- Leurs fonctions thérapeutiques sauvegardées depuis des millénaires
L'objectif est d'adapter votre alimentation à votre constitution personnelle, à la saison et à votre état de santé du moment. Comme le disait Sun Simiao, médecin légendaire de la dynastie Tang : « Que la première des méthodes à utiliser lorsque nous sommes malades soit la diététique. Si cela ne marche pas, alors seulement utiliser les plantes. »
2. Quelle est la particularité de la diététique chinoise par rapport à la nutrition moderne ?
La différence fondamentale réside dans l'approche énergétique plutôt que purement biochimique. La nutrition moderne analyse les aliments par leurs composants (protéines, glucides, vitamines), tandis que la diététique chinoise s'intéresse à l'effet qu'ils produisent dans votre organisme .
Par exemple, la pastèque et le piment rouge contiennent tous deux de la vitamine C. Mais en diététique chinoise :
- La pastèque (nature froide) rafraîchit, élimine la chaleur, génère des liquides — parfaite en été ou en cas de fièvre
- Le piment (nature chaude) réchauffe, fait transpirer, disperse le froid — idéal en hiver ou contre un coup de froid
Cette approche permet une personnalisation impossible avec la seule analyse nutritionnelle : deux personnes peuvent avoir besoin d'aliments totalement différents pour le même problème, selon leur constitution de base.
3. Que signifie vraiment "nature froide" ou "nature chaude" d'un aliment ?
C'est probablement la notion la plus mal comprise ! La nature thermique d'un aliment n'a rien à voir avec sa température physique . Elle décrit l'effet énergétique qu'il produit une fois dans votre corps.
Comment ça marche ?
- Aliments de nature froide/fraîche → Rafraîchissent le corps, éliminant la chaleur interne, produisant des liquides
- Aliments de nature tiède/chaude → Réchauffer le corps, disperser le froid, activent la circulation
Vous saurez qu'un aliment est froid pour vous si, après l'avoir consommé, vous ressentez une sensation de fraîcheur interne, voire des frissons. À l'inverse, un aliment chaud peut provoquer une légère transpiration ou une sensation de chaleur.
4. Pourquoi boit-on de l'eau chaude en Chine, même en été ?
Cette pratique surprend souvent les Occidentaux, mais elle repose sur une logique énergétique millénaire. En été, il existe un paradoxe que les Chinois appellent : « chaleur externe, froid interne ».
Voici ce qui se passe :
En été, votre Yang (énergie chaude) monte naturellement vers la surface du corps pour vous protéger de la chaleur extérieure. Résultat ? L'intérieur de votre corps devient plus froid , notamment l'estomac et les intestins.
Si vous buvez glacé à ce moment-là, vous :
- Éteignez votre « feu digestif » déjà affaiblir
- Créer des stagnations d'humidité-froid
- Provoquez ballonnements, diarrhées, fatigue
La solution chinoise : Boire tiède ou chaude, même en été, préserve votre capacité digestive. Vous pouvez rafraîchir votre corps avec des aliments de nature fraîche (concombre, pastaque, thé vert léger), mais tièdes en température physique .
Le Yishen Ji, texte classique, le dit clairement : « 虽大热不宜吃冷淘 » — « Même lors de grande chaleur, ne pas manger glacé ».
5. Quelle est l'importance des céréales dans la diététique chinoise ?
Les céréales sont le fondement absolu de l'alimentation chinoise depuis plus de 3000 ans. Le Huangdi Neijing est formel : «五谷为养» — Les céréales nourrissent.
Pourquoi cette importance ?
- Nature neutre : Ni trop froides ni trop chaudes, elles conviennent à tous
- Saveur douce : Elles tonifient la Rate (centre de la digestion) et harmonisent l'Estomac
- Fonction de base : Elles renforcent la Rate et tonifient le Qi
Les 5 céréales classiques :
- Riz : Le roi des céréales, nourrit en douceur
- Haricots azuki : Éliminent l'humidité
- Soja : Tonifiez le Qi
- Blé : Nourrit le Cœur, calme l'esprit
- Millet jaune : Renforcer la Rate
Problème moderne : Le blé hybride actuel, modifié pour la productivité, cause de plus en plus d'intolérances. Le millet jaune est une excellente alternative qui renforce progressivement votre taux au lieu de l'affaiblir.
6. Peut-on manger cru en diététique chinoise ?
La réponse est nuancée : oui, mais avec parcimonie et selon votre constitution . La diététique chinoise privilégie généralement les aliments cuits pour une raison simple : la cuisson "pré-digère" les aliments et économise votre énergie digestive.
Pourquoi éviter l'excès de cru ?
Votre Rate et votre Estomac fonctionnent comme une marmite qui doit transformer les aliments. Cette marmite nécessite du feu (votre digestif Yang) pour cuire et transformer ce que vous mangez. Les crudités froides demandent beaucoup plus d'énergie à votre organisme pour être transformées.
Conséquences d'un excès de cru :
- Ballonnements
- Selles molles
- Fatigue après les repas
- Sensation de froid dans le ventre
- Accumulation d'humidité
Quand peut-on manger cru ?
- En été, en petite quantité en début de repas
- Si vous avez un feu digestif très puissant (rare)
Solution équilibrée : Privilégiez les légumes légèrement cuits à la vapeur ou sautés rapidement, qui gardent leurs nutriments tout en étant plus digestes.
7. Les fruits sont-ils toujours bons pour la santé ?
Attention, c'est un piège moderne ! Le Huangdi Neijing dit : «五果为助 » — Les fruits assistant. Notez bien : ils « assistent », ils ne sont pas la base de l'alimentation.
Les fruits sont des compléments, pas des piliers. D'où vient cette prudence ?
Premier point d'attention : Nature souvent froide La plupart des fruits (pastèque, melon, kiwi, banane, poire) sont de nature froide. Consommés en excès, ils :
- Affiblissent le feu digestif
- Créent de l'humidité dans la Rate
- Provoquent des selles molles
- Causent fatigue et ballonnements
Deuxième risque : Teneur en sucre. Même naturel, le fructose en excès surtaxé la Rate et peut créer de l'humidité-chaleur (facteur d'inflammation).
Comment bien consommer les fruits ?
- Respectez la saison : Fruits d'été en été, fruits de conservation en hiver
- Adaptez à votre constitution :
- Constitution froide → Préférez litchi, cerise, noix, châtaigne (nature chaude)
- Constitution chaude → Pastèque, melon, poire sont appropriées
- Quantité modérée : 1-2 fruits/jour maximum
8. Que manger en cas de rhume ou de toux selon la diététique chinoise ?
En diététique chinoise, on ne soigne pas "un rhume" mais un type spécifique de déséquilibre . Il existe principalement deux types de rhums :
Rhume de vent-froid
Symptômes : Frissons, absence de soif, mucus clair/liquide, courbatures, aversion au froid
Aliments recommandés (nature tiède/chaude) :
- Congee gingembre-jujubes : 3 tranches de gingembre frais + 5 jujubes + 100g de riz, cuire 1h. Boire chaude.
- Oignon blanc, ail, coriandre fraîche
- Bouillon de poulet au gingembre
À éviter absolument : Aliments froids (pastèque, concombre, menthe), qui aggraveraient le froid interne
Rhume de vent-chaleur
Symptômes : Fièvre, soif, gorge douloureuse, mucus jaune/épais, transpiration
Aliments recommandés (nature fraîche) :
- Poire pochée au miel
- Chrysanthème en infusion
- Radis blanc
- Concombre
9. A t-on préalablement besoin de viande pour être en bonne santé ?
Non, mais la réponse dépend de votre constitution et de votre mode de vie. La viande à un pouvoir tonifiant supérieur aux végétaux.
Quand la viande est particulièrement indiquée :
- Constitution avec vide de Qi ou vide de Sang (fatigue chronique, teint pâle, règles faibles)
- Après maladie ou accouchement
- Travail physique intense
- Personnes âgées avec perte de masse musculaire
10. Y a-t-il des contre-indications à la diététique chinoise ?
La diététique chinoise n'a pas de "contre-indications" au sens médical, car elle s'adapte à chaque personne. Cependant, il existe des erreurs d'application dangereuses :
Auto-diagnostic incorrect : Exemple : Se croire "trop chaud" et manger froid en excès alors qu'on a en réalité un "faux-feu" dû à un vide de Yin. Résultat ? Aggravation.
Application dogmatique sans écoute du corps : La théorie doit toujours être tempérée par l'observation de vos réactions personnelles.
Confondre diététique et régime restrictif : La diététique chinoise vise l'équilibre, pas l'élimination totale d'aliments (sauf allergies).
Négliger le suivi médical : En cas de pathologie grave (diabète, hypertension, cancer), la diététique est un complément , jamais un substitut aux soins médicaux.
Cas nécessitant prudence :
- Femmes enceintes (éviter les plantes médicinales puissantes sans avis spécialisé)
- Enfants en bas âge (système digestif immature)
- Maladies aiguës graves (privilégier médecine d'urgence)
Bon réflexe : Si vous souhaitez appliquer sérieusement la diététique chinoise à une problématique de santé, consultez un praticien formé qui établira un bilan énergétique personnalisé.


Merci pour cet article complet ! C’est le moins qu’on puisse dire… Je savais que la culture de l’orient considère l’alimentation bien différemment de nous, occidentaux, mais j’ignorais que les chinois avaient presque modélisé cet acte quotidien… Merci pour cette découverte !
J’adore les saveurs d’extrême orient !
Merci pour ce bel article qui est un magnifique hommage à la gastronomie chinoise.
Ouah, très complet déjà pour une première approche de la diététique chinoise. N’est-elle pas à adapter à son tempérament ensuite ? Car certains tempéraments sont plus encleins au froid ou au chaud, non ?
Merci 😊, du point de vue de la médecine chinoise, ce sont les déséquilibres des fonctions de certains organes qui vont avoir une action sur notre tempérament. Tu peux trouver pas mal d’infos sur ce sujet dans l’article sur le yin et le yang
Excellent! Merci pour cet article instructif. Je m’intéresse la nutrition et la santé de façon globale. Je découvre avec plaisir la diététique chinoise grâce à ce blog, merci. Dernièrement je m’intéressais à l’ayurvéda et je retrouve des points communs entre ces deux cultures et façon de considérer l’alimentation au service de l’énergie. Apparemment il existe aussi des différences considérables entre les deux courants. Belle découverte et hâte d’en apprendre davantage sur ce sujet passionnant !